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La Dame Noire de Sihanoukville

Sur la route de Phnom Penh, une "dame noire" très étrange

Aujourd’hui débute le moment tant redouté mais aussi tant attendu de nos pérégrinations au cœur du Royaume : le retour. Pour nous mettre en forme, un ou deux pains au chocolat sortant du four brûlent nos papilles échauffées, puis un limbe d’eau cristalline achève de nous hydrater, signe que nous pouvons officiellement embarquer les valises dans la voiture de Vanna qui nous attend devant l’hôtel pour sept heure. Nous laissons derrière nous Sihanoukville  et ses plages pour gagner la capitale du pays par la nationale 4. Sur la route, Vanna nous arrête devant la petite statue dédiée à la divinité locale Yeay Mao , que l’on nomme «  Dame Noire » ( même appellation que la statue de Bokor) et qui occupe une place particulièrement importante dans l’âme bouddhiste de notre chauffeur et de tous les pèlerins venus se recueillir à cet endroit, au milieu de la nature verte. L’autel est décoré de centaines de bâtonnets d’encens déposés par les fidèles.

Yeay Maohéroïne fondatrice, est vénérée en tant que divinité protectrice des voyageurs et des chasseurs. Beaucoup d’histoires racontées par le petit peuple l’entourent. Une première version racontée peu avant l’arrivée des français (1863-1953) affirme qu’il s’agissait d’une magnifique femme mariée à un guerrier hautement puissant. Un jour, son mari fut emporté par la mort au court d’une bataille sanglante. On dit que, par la suite, la veuve s’empara du pouvoir afin de contrôler l’armée khmère contre les thaïlandais qui ne cessaient d’accroitre leur puissance militaire. Sous son commandement, les soldats khmers écrasèrent l’armée thaïe et gagnèrent une importante victoire qui valut à « la belle » une célérité retentissante.

Une seconde histoire plus récente raconte que Yeay Mao était l’heureuse élue d’un certain prénommé « Ta Krohom-Koh ». Tous deux vivaient paisiblement au chevet d’une modeste maisonnette dans la foret située près de Peach Nil Mountain . Un jour lorsqu’ils s’y promenèrent, ils tombèrent devant les crocs acérées d’un tigre ayant élu domicile dans la jungle.

Ta Krohom-Koh , pour ne pas être dévoré, livra sa propre épouse à la bête sauvage qui fit couler le sang sans pitié en épargnant ainsi l’homme, lequel profita du moment pour s’enfuir précipitamment en lâche. On ne sait pas ce qui arriva à Ta Krohom-Koh mais on dit souvent qu’il connut une fin triste et monotone, seul dans sa maison et rongé de remord pour le crime qu’il avait commis. Depuis lors, une statue fut élevée entre Sihanoukville et Phnom Penh sur la route nationale 4 achevée par les français en 1876 ainsi qu’un petit temple qui attire, chaque année, les pèlerins khmers mais également chinois et vietnamiens. On considère l’endroit comme le lieu où eut lieu l’incident tragique. Tous les voyageurs qui s’y rendent hommage à la divinité afin d’éviter un sort semblable à Yeay Mao. Une fête principale est célébrée en juin, au cours de laquelle, l’ensemble des pèlerins viennent se recueillir et porter des offrandes à la divinité. Selon plusieurs croyances, celle-ci avait un esprit si cruel qu’elle hanta et s’en prit à tous les voyageurs qui ne s’arrêtaient pas sur la route pour lui rendre hommage au Peach Nil Mountain. Elle envoyait un sort sur les personnes ignorantes de son histoire, blessure qui se traduisait par d’atroces douleurs dont l’unique remède était le repentir. On dit également que l’esprit de la déesse contribuait et contribue toujours à la réalisation de vœux.

Après ce petit arrêt, nous continuons notre périple sur la nationale 4. Une fois arrivés à Phnom Penh après  quatre ou cinq heures de route, nous faisons nos adieux à Vanna sur le parking de l’aéroport sans oublier de lui donner les échantillons de crèmes pour les enfants cambodgiens. Nous sommes relativement en avance et patientons plus de trois heures dans l’aéroport avant de pouvoir embarquer nos bagages puis d’attendre notre avion encore une heure. Après cette longue attente interminable, nous décollons enfin et quittons, ainsi, la terre du Cambodge avec tout de même un léger pincement au cœur. Du hublot, se dessinent les chemins de terre pourpre et la jungle verdoyante qui, progressivement, se dérobent à nos yeux. Une heure plus tard nous débarquons à Bangkok, et patientons encore plusieurs heures pour note vol de 6h30 jusqu’à Abu Dhabi. L’avion décolle. Nous arrivons à Abu Dahbi dans la nuit vers 3h heure locale, ne sachant plus trop s’il faut dormir, manger ou rester éveiller. Le décalage horaire de 6h entre le Cambodge et ici  nous déboussole totalement: une chose est sûre, nous sommes impatients de pouvoir redormir dans notre troisième trajet de nuit, cette fois pour Milan qui s’effectuera en 6h.

Il est 7h du matin lorsque nous arrivons à Milan. Nous prenons nos bagages puis retrouvons la voiture dans le parking suffoquant de monde. Il ne nous reste plus qu’à faire route vers Gassin. Nous nous arrêtons à Fréjus récupérer les ordinateurs et les clés de la maison chez papi et mamie, et puis notre grosse boule de poils au Muy que nous sommes particulièrement heureux de retrouver. Enfin nous débarquons à la maison en début d’après-midi sous un soleil éclatant ; et dire que nous sommes partis trouver la pluie au Cambodge alors que nous avons du soleil à profusion en France mais bon le trajet valait largement le coup ! Nous grignotons ce qui devrait être un déjeuner mais qui nous parait plutôt un diner : nous sommes complétement déboussolés. Nous continurons à vivre au rythme français…jusqu’au prochain voyage.

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