Un guide pas comme les autres !

Vétéran de la Guerre

Nous sommes tellement impatients d’enfin voir de nos propres yeux ce complexe si célèbre. A l’hôtel nous attendons notre guide auquel nous avons donné rendez-vous à sept heures. Nous procédons à de brèves présentations. Avec son fort accent khmer, nous ne comprenons pas toutes ses paroles mais parvenons à capturer l’essentiel de ce qu’il nous délivre. Né en 1945, je suis d’autant plus impressionnée que nous avons pour guide un vétéran de la guerre civile  qui a survécu durant la sombre époque des khmères rouges. En se rendant aux temples en tuk-tuk, il nous raconte fièrement son histoire que je me délecte à écouter  car lui « contrairement à Deth (qu’il connait bien) a vécu ces terribles années sanguinaires qui ont duré exactement 3 ans 8 mois et 20 jours… et qui contrairement à ce que plusieurs statistiques peuvent affirmer, n’ont pas fait 1 ou 2 millions de morts mais bien 3 millions !» .

 

Durant la guerre civile, notre guide faisait partie du régime de soldats défendant le territoire contre l’invasion des Viêt-Cong. Plus tard, alors qu’il survécu à la guerre, entre 1975-79, sous le régime de Pol-Pot on le désigna électricien alors qu’il  ne possédait aucune qualification requise pour ce type de métier. Sachant qu’il était condamné  à la torture s’il ne respectait pas l’avenir qu’on lui avait choisi, il se fit passer pour un illettré par des subterfuges improbables : il écrivait de sa main gauche  et faisait semblant de ne pas comprendre la langue.. Séparé de sa famille, n’ayant plus aucun repère et de quoi survivre il trouva plusieurs moyens qui lui permirent de tenir assez longtemps. 

Avec d’autres campagnards, ils étaient forcés à la corvée des champs, « la famine était insupportable nous », raconte-il. En soulignant que le travail dans les rizières nécessite d’être au plus haut point de sa forme en dépit du soleil harassant. Quoiqu’il en soit, avec plusieurs de ses collègues, alors qu’ils avaient un quota de kilo de riz à respecter chaque jour, ils en mettaient un peu de coté  en le cachant au creux des tiges de bambous afin de pouvoir revenir le chercher et s’en nourrir… pour survivre.

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