Expédition à Chitwan

Ce matin nous nous réveillons aux aurores. A 8 heures, nous sommes partis pour un long voyage à travers les paysages luxuriants du Teraï, dans la partie sud du pays. Notre destination finale est le fameux parc national de Chitwan dont la renommée est sans égale au Népal. Nous traversons les marées humaines de Katmandou, sa pollution et ses délabrements. Je prends véritablement conscience de l’importance des dégâts causés par le séisme : fils électriques, gravats, carcasses d’immeubles et temples partiellement effondrés constituent le paysage citadin recouvert d’un voile de pollution parfois invisible mais latent. Les parfums des épices et des nourritures fraiches se mêlent à celui du fioul, des détritus par milliers, des couches de poussières qui dansent à la moindre once de vent.

Peu à peu, la cohue se dissipe au bénéfice d’un paysage de verdure, les chiens galleux disparaissent des horizons et l’air chargé de particules irrespirables s’éclaircit au profit d’une brise fraiche provenant des reliefs montagneux de la périphérie de Katmandou. La toile urbaine se métamorphose en une magnifique fresque émeraude parsemée de brumes ensorcelantes qui s’accrochent aux pics verdoyants en cette douce matinée. Des cascades dissimulées dans les plis du drapé rocailleux, semblent jaillir par leur éclat cristallin. Les pentes abruptes déversent les rayons du soleil sur le fleuve que nous suivons au gré d’une petite route de montagne. La vie rurale de l’arrière-pays semble beaucoup plus paisible que le trafic sonore du centre de la capitale. Sur la route néanmoins, nous croisons de nombreux camions qui se dirigent vers la ville. Je leur remarque une particularité qui est propre à ce type de véhicule au Népal : leur décoration très colorée à la façon hippie. Chacun des véhicules semble posséder sa propre personnalisation avec des autocollants, des fleurs, de la peinture qui constituent leur revêtement. Ils sont uniques en leur genre !

A 10h30, nous effectuons une première pause dans un petit restaurant qui fait office d’aire d’arrêt pour les véhicules en circulation. Le snack est dévalisé par les autres volontaires qui profitent du moment pour acheter biscuits, chips, boissons et friandises.  Nous reprenons la route au bout d’une demi-heure de pause et nous enfonçons au cœur de la forêt sauvage. Malheureusement, nous serons  retardé par un accident ayant eu lieu sur l’unique route tandis qu’un des volontaires tombe malade pendant le trajet.

Les nids de poule parsèment les goudrons chauds sous l’air humide tandis que l’eau clairvoyante galope dans la rivière que nous suivons. Nous croisons tour à tour cabanes délabrées, familles réunies autour de maigres repas, paysans dans leur quotidien. Les photos que je parviens à prendre maladroitement lors du trajet sont autant de scènes prises sur le vif qui décrivent la vie rurale népalaise : la culture du riz, les minorités au bord de la route chargées de lourds paniers de nourritures, les habitants puisant de l’eau ou faisant la lessive à la main, temples et habitations isolés dans la nature, laquelle semble avoir repris ses droits sur l’action humaine. Des femmes aux vêtements colorées, vêtues de tissus vifs et d’étoffes légères égrainent des épis de maïs. D’autres s’occupent des enfants et du foyer pendant que les hommes travaillent dans les rizières. A l’approche du parc, au terme de plusieurs heures de trajet, nous croisons de nombreux marchands de vêtements en laine.

A 14h, nous arrivons dans une bourgade semblable à Katmandou où nous nous arrêtons pour déposer le volontaire malade qui sera pris en charge par l’hôpital. De notre côté, notre superviseur paye l’entrée du parc et le chauffeur continue à s’enfoncer dans la végétation dense. Une demi-heure plus tard, nous arrivons au cœur d’un paysage plus plat où les rizières jadis montées sur étages laissent place à des plaines verdoyantes.

 

Nous parvenons à notre hôtel le « Rainbow resort » dans l’après-midi, déposons nos bagages et profitons d’un moment de battement pour déjeuner. Le Rainbow Resort est un joli petit hôtel de charme que nous ne tardons pas à apprivoiser à la lisière nord du Parc au niveau de Sauraha. Son agencement autour d’une cour de végétation rend l’endroit magnifique. Cette partie du parc est souvent considérée comme le siège touristique de Chitwan dans la mesure où de nombreux complexes hôteliers de charmes émaillent les forêts denses et les reliefs herbeux.

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