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La ruée vers le poivre ...

Le poivre de Kampot

 

Après avoir remporté cette victoire en défiant la pluie de Phnom Chnork, nous ne nous attendions pas à pire. Et pourtant, à quelques minutes de Kep la route, effondrée par la pluie, git en un torrent impressionnant qui s’écoule dans le fossé le plus proche. C’est en ces temps-ci que nous regrettons de ne pas avoir pris un 4X4 tout terrain. En effet, il ne nous reste que très peu de kilomètres avant d’atteindre notre destination, mais nous n’avions pas prévu que le chemin soit aussi ébréché. Le souci est que nous n’avons pas fait tout ce trajet inutile pour nous rabattre pitoyablement sur l’alternative du demi-tour, en nous acquittant de la traversée périlleuse.

Tous les villageois se sont réunis autour de la rivière dans le but de guider les voitures pour leur permettre un passage peu risqué. La force de l’eau est très surprenante; nous aurions fait demi-tour si la voiture qui nous précédait n’avait pas tenté le passage, pire si elle était restée coincée dans la boue. En revanche, puisque sa tentation semble une réussite, pourquoi nous soucier de notre défaite prématurément ?

Lorsqu’ arrive notre tour, nous ne sommes pas trop rassurés, le van s’enfonce dans l’eau à une hauteur inquiétante, si bien que le pot d’échappement se fait engloutir. Vanna, notre chauffeur, la sueur sur le front, ne semble pas rassuré étant donné que seul lui peut nous décoincer de notre misère. La voiture parvient difficilement à lutter contre le courant, les roues se dérobent sous nos regards crispées mais deux coups de volants bien placés nous permettent de franchir l’obstacle sans trop de mal. La réussite de Vanna lui vaut les applaudissements des cambodgiens impressionnés et fiers de leur conseils, sans lesquels nous aurions coulé.

 

 

Loin d’être au bout de nos surprises, nous apprenons que la route pour la ferme au poivre de Kampot est impraticable. Courroucés, nous traversons la ville de Kep dans toute sa longueur pour rejoindre la ferme en esquivant la déviation par une seconde piste qui figure dans les connaissances de Vanna. Nous parvenons à la culture de poivre une heure plus tard. La visite de la plantation de poivre est une attraction touristique que nous n’aurions pu refuser étant donné que son propriétaire en personne se charge de nous la faire découvrir. Allemand de naissance, le bagage linguistique qu’il porte est loin de nous laisser sans admiration : le français, l’anglais, l’espagnol, le japonais, le khmer et quelques notions de chinois  sont la richesse de sa vie ! J’ai peine à me considérer en n’étant pas même capable d’être bilingue français- anglais : l’urgence de progresser dans cette seconde langue figure en première place dans ma liste de priorités.

 

 

Le poivre de Kampot est considéré comme l'un des meilleurs du monde et prisé par les plus grands chefs étoilés français. Notre fermier allemand cultive ce poivre depuis plusieurs années maintenant et profite de sa retraite pour nous en faire découvrir tous les secrets. Les plantes grimpantes sont élevées sur des piquets de bois étalés le long de cultures en plein air. « Le poivre est cultivé de façon naturelle sans le recours aux pesticides » nous apprend-t-il. La récolte se déroule entre les mois de février et de mai. Etant donné que nous sommes en plein mois de juillet, nous n’aurons pas la chance de voir le fruit étinceler sous les rayons nourriciers du soleil, parfumé d’une odeur suave. En revanche,  nous sommes présents au moment des floraisons où de minuscules petites fleurs blanches s’épanouissent grâce à l’humidité de l’air avant de produire le fruit précieux, l’or de la région ! Le poivre de Kampot est cultivé puis vendu sous trois aspects divers, il est possible d’acquérir des grains blancs, rouges ou noirs. Il serait normal, pour tout ignorant, de penser que les différentes teintes des grains de ce poivre ont pour origine une différence d’espèce des végétaux le produisant.  Mais ces trois versions, rouge, blanc et noir, sont issues de la même et unique plante, constituant à elles trois un fruit identique. La couleur du poivre diffère selon la maturité des baies qui croissent sur une période de quatre mois. Le poivre rouge est le fruit arrivé à pleine maturité dont l'écorce prend une teinte sang et un arôme doux et onctueux,  le poivre noir est issu de baies matures exposées et séchées au soleil tandis que le poivre blanc correspond au fruit mûr déchu de son écorce rouge acquérant des propriétés gustatives très prononcées. Le but de la visite pour notre guide est bien évidemment la boutique souvenir. Nous lui achetons quelques pots de poivres pour notre réserve personnelle car papa et moi savourons l’arôme de ce fruit particulier !

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