La croisière

Sur la route des temples…

"Village flottant" sur la rivière de Sangker

 

Aujourd’hui nous entamons notre seconde journée de croisière privée avec un bateau bien moins imposant que celui de notre précédente croisière sur le confluent du Tonlé Sap. Nous quittons tranquillement l’embarcadère de Battambang en début de matinée pour remonter les méandres de la rivière de Sangker en direction de la cité de Siem Reap. La première partie de la croisière est vraiment spectaculaire. Arrivés au cœur de la campagne du « Green » Cambodge comme le surnomme Deth, nous naviguons jusqu’au niveau du passage le plus difficile à traverser pour notre pilote. Le vaisseau d’eau douce se fait de plus en plus étroit.... Le niveau de l’eau est au plus bas, la végétation y est dense si bien qu’il faut stopper le moteur du bateau à plusieurs reprises afin de dégager l’hélice des déchets en plastique ou des longues feuilles de bananier en légère profondeur. On se croirait dans une mangrove avec végétation prospérant à la rivière où les racines vertes et tenaces monopolisent la terre.

 

Le décor est magnifique. Nous découvrons des villages flottants. Des habitations faites de bois, de paille tressée, de tôle ou de plastique…et toujours le salut légendaire des paysans ! Les habitants s'affairent sur les rives du fleuve, certains font leur toilette nous regardant d’un œil retissant, d'autres pêchent au filet ou travaillent dans les champs tandis que les plus chanceux profitent de l’ombre de leur cabane pour faire un somme.

Nous croisons également beaucoup de bateaux qui effectuent le chemin inverse. Les paysages sont uniques , les collines et les montagnes se perdent dans l’horizon au pied desquelles nous admirons d’immenses étendues de rizières et même quelques plantations de maïs, des cabanes en bois ou en tôle éparpillées sur les rives.

Nous voyons des vaches dont la verdure fait le bonheur, des buffles qui barbotent sur les rives boueuses, et de multiples oiseaux qui se plaisent à contrer les vents ascendants, à piquer vers les courants, et à rafler la surface de l’eau à la recherche d’une proie nourrissante tout en soulevant un lit d’eau douce grâce à leur pattes gracieuses, qui réveillent le fleuve dans sa tranquillité.

Mes pensées s’entremêlent à la vue de cette immense étendue verte. Je me demande vraiment comment le Cambodge peut apparaitre en saison sèche lorsque les plantations de riz virent au jaune et que la verdure laisse place à la terre sèche…

Ce calme est contagieux et j’ai, parfois, l’impression que la contemplation de la nature est une chose qu’on a tendance à délaisser lorsqu’on habite loin de celle-ci, ensevelis sous les bruits et les cris dans les jungles de bétons... En revanche, les cris perçants des enfants à notre arrivée, eux, ne cessent de me charmer et leur accueil chaleureux me touche énormément. En les regardant sautiller de joie et nous interpeller de loin, nous tentons de les saluer avec autant de chaleur et de plaisir et je me plais à les admirer dans leur vie quotidienne malgré, j’en ai conscience, leur conditions de vie et d’hygiènes les plus précaires et les plus difficiles à surmonter.  Ce qui m’émeus le plus est surement la sincérité de leur sentiments et chaque fois que je pose les yeux sur l’un d’entre eux, je vois un petit corps famélique qui renferme un cœur plus étincelant et plus dur que le diamant. J’aimerais beaucoup aller à leur rencontre et celle de leur famille mais je sais que du haut du bateau je les vois passer, puis reculer et en l’espace de quelques secondes, disparaitre à tout jamais de mon champ de vision. L’instant aura pourtant été inoubliable.

 

Les sourires inoubliables ...

 

Après plusieurs heures de navigation, le passage rétrécit. Nous tentons de capter chaque instant, chaque image du paysage et des sourires des populations campagnardes que nous ne reverrons certainement plus. Au bout d’un certain temps il se met même à serpenter tandis que les villages se font de plus en plus rares. Les paysages m’apparaissent encore plus rayonnants et le fleuve plus  étroit qu'auparavant tandis que notre bateau ne semble pas vouloir rétrécir. Sa largeur et sa maniabilité s’avèrent devenir un problème majeur mais visiblement notre capitaine semble un maitre des lieux. Les manœuvres sont extrêmement techniques et difficiles mais nous profitons des quelques virages pour nous amuser un peu et tenter de contrer la monotonie de la croisière. Ainsi nous nous plaisons à serpenter au rythme du chenal bien que le courant vise à retarder. Chaque virage représente un risque et notre capitaine, qui les réussit aisément à chaque coup de volant, fait retentir son klaxon de sorte à ne pas se retrouver face à un bateau cheminant dans le sens inverse.

 

 

 

Vers 11h30,  alors que la rivière s’élargit à vue d’œil et que nous laissons derrière nous la campagne cambodgienne, nous faisons un arrêt dans une assez grande agglomération flottante, Preas Cheas qui s’étale au milieu du chenal. Parmi les centaines de cabanes montées sur pilotis je reconnais une mairie, une gendarmerie et même un hôpital tout en essayant d’apercevoir l’école que nous ratissons de loin. Dans le seul restaurant de la ville les habitants sont déjà à table. Deth, notre fidèle guide, nous propose de déjeuner ici et de boire un coca après quoi nous cheminerons vers le grand lac. Puisqu’il se fait encore tôt, nous nous tiendrons juste au coca en lui indiquant que nous préférerons pique-nique sur le bateau un peu plus tard comme prévu. Nous commandons seulement trois Coca-Cola et nous dégourdissons les jambes. De même que nous profitons de l’arrêt pour faire un tour aux toilettes. Celles-ci me font bien rire : en tout il y en a deux séparées par une planche de bois fine et que nous gagnons en marchant prudemment sur deux étroites planches qui longent la cabane à pilotis, au risque de tomber dans l’eau. L’intérieur est juste constitué d’un sol en planches de bois où figure un trou comme cuvette. En dessous, le fleuve accueille les rejets humains …

Nous repartons sur le cours du fleuve. A midi, nous mangeons des sandwichs sur le bateau que Deth nous prépare avec le pain qu’il est allé acheter au marché tôt dans la matinée. Le déjeuner se déroule dans le silence scandé par les bruits du moteur, nous terminons rapidement puis nous empressons de remonter sur le toit !

Lac du Tonlé Sap 

 

L’après-midi, le paysage change complétement .Cette partie est beaucoup plus monotone que la campagne au cœur de la rivière Sangker, je dirais même qu’elle est plutôt ennuyeuse, le paysage est moins enchanteur mais surtout, la lassitude nous envahit. Les berges s’éloignent de plus en plus de notre vue. Finalement nous parvenons au cœur du grand lac du Tonlé Sap, les eaux marronnâtes sont très mouvementées et nous les traversons avec des remous avec prudence. Nous sommes loin des rives et nous avons encore quelques heures à naviguer sur le lac avant de gagner Siem Reap. Heureusement l'arrivée approche. Enfin nous terminons la croisière en arrivant à l’embarcadère de Siem Reap où Vanna nous attend depuis 11h du matin avec la voiture. C’est vrai qu’à la fin la croisière paraissait vraiment très longue puisque nous n’allions pas vite du tout ! Nous avons même demandé au capitaine d’accélérer mais nous soupçonnons Deth d’être de mèche avec lui pour faire durer le plus longtemps la croisière car il n’a rien prévu de nous faire visiter en arrivant en ville , et il est parfaitement au courant que nous détestons par-dessus tout nous ennuyer à l’hôtel .

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