Kbal Spean, la rivière aux mille lingas …

Ainsi, nous faisons route vers Kbal  Spean à quelques kilomètres du temple rose. Notre guide tient à nous préciser qu’il a lui-même contribué à l’élaboration de la route sur laquelle nous roulons et nous informe qu’elle mesure exactement 37 km de long : pas un kilomètre de moins ou un de plus comme peuvent ,souvent, faussement nous l’indiquer des guides ou des cartes !

Kbal Spean n'est pas un temple mais une incroyable rivière envahie par la jungle qui protège des lits entiers de lingas sous ses eaux ruisselantes. Nous arrivons sur le parking et entamons l’ascension pour la célèbre rivière. Cette fois-ci, c’est encore Vanna, notre jeune conducteur, (comme au temple de Banan quelques jours plus tôt) qui nous accompagne. Nous pardonnons notre guide de ne plus avoir le courage d’y monter avec ses pauvres jambes vieillies. En France ça ferait longtemps qu’il serait déjà à la retraite !! et décoré d’une belle légion d’honneur mais bon ici nous sommes au Cambodge.

La balade se déroule au cœur même de la jungle humide d’une exceptionnelle beauté. Sur près d’ 1,5 km le petit chemin serpente tour à tour parsemé de pierres lisses et ventrues recouvertes de mousse sombre et de lichen, tandis que les lianes tentaculaires comblent l’espace de leurs nattes vivantes. Le sentier est très facile et relaxant, l’air y est pur et le cadre époustouflant. Plusieurs points de vue donnent sur la forêt en contrebas jusqu’à ce que nous atteignions une demi-heure plus tard le lit de pierre recouvert de lingas sculptés à l’image du phallus masculin. La finesse des sculptures est inimaginable, ça ne m’aurait jamais passé à l’esprit de voir ce spectacle au Cambodge…et nul autre endroit d’ailleurs ! La représentation est très stylisée si bien  que le sexe masculin n’est pas vraiment identifiable… ainsi la frise sous-marine n’est qu’un tapis de cercles légèrement joufflus, le travail demeure remarquable.

Nous traversons la rivière d’un bout à l’autre tout en admirant par-ci et par-là VishnouShiva et son épouse Uma qui nous guident durant notre balade. D’autres divinités sont représentées, certaines à ce qui me semble être l’effigie de Bouddha couché mais le doute est quasi-certain. Je ne vais pas essayer de faire ma savante en disant ce que je pense… L’eau es d’une clairvoyance affolante, elle me donne presque envie de m’y rafraichir, au milieu des petits bancs de poissons scintillants qui battent la queue pour éviter les obstacles circulaires.

 

Nous traversons le pont de pierre et entamons la descente vers une petite cascade par un sentier cavalant entre les pierres et les lianes. Le chemin ombragé est très agréable, dotant le lieu d’une lumière "clair-obscur" comme si nous nous trouvions au cœur d’une mangrove. Les yeux sont à l’affut car les sculpteurs suivent le sentier dans un ordre chronologique comme pour former un énorme livre de pierre au milieu de la jungle. Très vite nous prenons gout au jeu de piste, la victoire reviendra à celui qui trouvera le maximum de sculptures tantôt dissimulées sous la mousse où par un manteau de pierre. Une tortue, une grenouille, un taureau… je crois que j’ai gagné !

Nous suivons toutes ces pages du livre fossilisé pour atteindre le point culminant d’une cascade scintillante à l’éclat de diamant. L’humidité y est plus ressentie et l’eau dégringolant un somptueux rideau ondulant ne procure qu’une envie : s’y baigner ! Commet succomber à cette invitation?

Ensuite nous redescendons tranquillement sous un soleil éclatant qui transperce la jungle dense et une colonie de papillons dorés, bleutés et argentés qui semblent danser la farandole autour de nous …

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