Les Terrasses...

« La Terrasse aux éléphants »

Eléphants tricépahles (coté femmes à droite et côté hommes à gauche)

En arrivant du Phimeanakas, nous gravissons les escaliers par une porte monumentale flanquée de chaque côté de sculptures en relief finement ciselées à l’effigie de Nâgâ, le dieu Serpent.

Ainsi nous nous trouvons sur un large soubassement où le roi avait l’habitude de donner ses salles d’audience et de profiter de cérémonies festives… : la très célèbre  « La Terrasse aux éléphants ».

Longue de 300 mètres, cette terrasse au cœur même de la cité d’Angkor Thom  servait de tribune aux cérémonies royales et publiques.  On imagine l’explosion de l'empire Khmer ayant atteint sa puissance extrême, le dieu-roi couronné d'un diadème serti de diamants et autres pierres précieuses, observant depuis son palanquin le défilé des éléphants et des musiciens qui paradaient dans cet immense labyrinthe de pierres. 

Jayavarman VII en est le constructeur principal même si, par la suite, cet immense plateau de latérite fut modifié plusieurs fois par ses successeurs autour de la fin du XIIe siècle.

Représentation d'une fleur de lotus

Une faune parfois étrange 

 

A l’arrivée, c’est une enfilade des représentations d’éléphants qui nous fixent de leurs pupilles de pierre, ce n’est pas pour rien qu’elle fut appelée ''La Terrasse aux éléphants''.Dans toute sa longueur la terrasse est sculptée de ces pachydermes aux représentations variées et dans des scènes différentes : éléphants en chasse ou éléphants tricéphales cueillant des fleurs de lotus grâce à leurs trompes majestueuses. Plus loin on peut cependant remarquer que l’escalier central présente des statues de lions et de Garuda, l’oiseau mythologique devenu monture du dieu hindou Vishnou.  Il offre une vue imprenable sur l’avenue de la Victoire dont le roi appréciait fortement le panorama lors de grandes fêtes, assis du haut de son trône de gré. Après avoir dépassé un second escalier menant sur l’estrade, nous débarquons sur le perron nord de la terrasse que notre guide surnomme «  la salle des fêtes » probablement l’ancienne salle d’apparat doté de sculptures en bois désormais disparues.

La « salle des fêtes » sépare ''La Terrasse aux éléphants'' de celle du roi Lépreux, elle est ornée d’éléphants tricéphales dont les dizaines d’yeux nous fixent de leur plus beau regard … Ce perron mérite largement la visite. Ayant subi des modifications postérieurement au règne de Jayavarman VII aux abords du XIIIe siècle,  son soubassement de 3 mètres de haut est orné de reliefs plus énigmatiques. Notre guide nous fait descendre les quelques marches qui nous y mènent. Chose curieuse, sur les façades de la tranchée  se dissimulent, de chaque côté, deux impressionnants chevaux à cinq têtes, on reconnait notamment des scènes de jeux à l’instar d’un tournoi de polo ! Plus tard, un modeste stupa fut rajouté à la construction modifiée au XVI siècle, mais il n’en reste aucune trace.

 

« La Terrasse du Roi Lépreux »

Nous parvenons au niveau de la « terrasse du Roi Lépreux ». S’élevant à 25 mètres de sol, celle-ci parait écrasante à côté de la terrasse aux éléphants. 

Certains affirment qu’il s’agit, encore une fois, d’une œuvre sortie tout droit de l’imagination de Jayavarman VII, principal « architecte » de la cité d’Angkor Thom après la fuite des Chams mais on peut réellement contredire cette pensée. Il s’agirait d’une œuvre de son successeur Jayavarman VIII, qui l’aurait bâtie au milieu de XIII, bien après le règne du célèbre roi.

Avant de monter au sommet, nous faisons le tour du soubassement doté de tranchées étroites sur lesquelles figurent multiples scènes empruntées à la mythologie hindoue. Je m’émerveille de cette mélodie de gravures au relief très prononcé : Apsaras, Asuras ainsi que les Devas, les dieux bienfaisants qui s’affrontèrent dans la célèbre légende de Barattage de la mer de lait à la recherche de l’élixir d’immortalité, des Nâgâs à sept têtes, des chars, encore des Apsaras …

Enfin le sommet ou trône une étrange statue, au milieu d’un pâturage d’herbes sèches, qui aurait donné son nom à la terrasse. Pendant longtemps, la croyance voulut que de ce monstre de pierre représentait les traits sévères du roi Yasovarman , mort de la lèpre selon une ancienne légende populaire. Mais il s’est avéré que l’architecte l’ayant nommée ainsi se serait trompé. La véritable unique statue du Roi lépreux trônait autrefois au Bayon mais a été déplacée par les autorités protégeant la cité. On dit aujourd’hui que la fausse statue du Roi lépreux représenterait en réalité Yama, le dieu des morts, et que la terrasse du Roi Lépreux n’était d’autre qu’un crématorium royal. Les attributs et la position de la statue, la massue et le genou en l'air, prouvent que le dieu est un habitant du monde souterrain …mais bon aux yeux de tous, ce personnage reste le Roi lépreux !

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