Le légendaire Angkor Wat

Sanctuaire central

 

Il est le modèle même de l'architecture khmère au point de devenir le symbole du Cambodge jusqu’à figurer sur son  drapeau national !  Une question : Qui vient au Cambodge sans avoir l’audace de succomber au charme d’Angkor Wat ? Il est non seulement le plus sublime, le plus raffiné, le plus vaste et le plus grandiose des temples témoins du génie de l’art Khmer mais avant tout, une véritable ville au premier sens du terme. Son nom signifie « ville qui devint une pagode », sans doute par le fait que son sanctuaire central fut initialement dédié à Vishnou, le premier d’une triade de dieux hindous les plus vénérés du royaume khmer au Xe siècle avec Shiva et Brahma. Encore une fois, nous sommes émerveillés par cette splendeur d’art khmer, véritable « perle du Cambodge » qui n’en n’est pourtant pas très avare… Le règne de Survayarman II (1112-1152) avec l’édification d’Angkor Wat, considéré comme le joyau de la cité, marque véritablement l’âge d’or de la cité. La ville œuvrée au XIIe siècle fut le fou projet de ce roi souhaitant étancher sa soif de richesse qui en fit sa résidence officielle et capitale du royaume d’Angkor. Néanmoins, son accès au pouvoir ne fut pas sans révoltes et les finances royales ne suffirent plus au roi qui s’était lancé dans une construction bien trop faramineuse… Les mines de latérite nécessaires à la construction des temples d’Angkor, autrefois abondantes de minéraux, furent rapidement asséchées au point de créer un véritable conflit entre le roi et son peuple. De plus, Angkor Wat, fut à l’origine d’une déforestation massive dans les régions peuplées l’est et au nord d’Angkor et d’une surexploitation du système d’irrigation qui écrasa le peuple de dettes insurmontables.  Le déclin de la cité fut alors inéluctable. A la fin de son règne, Survayarman II conduisit une délégation militaire désastreuse contre les Dat-Viet (Vietnamiens). Cette période cauchemardesque fut marquée par son décès, l’essor du royaume ennemi et le début des conflits unissant les deux pays rivaux.

Ainsi nous y sommes enfin, devant le plus grand des temples du complexe monumental d'Angkor .Ce n’est pas vraiment par la porte arrière que nous croyions y entrer mais puisque notre supe guide connait absolument tous les recoins de la cité et les endroits  pour les plus belles photos , il nous amène loin  des « moutons » du côté de la galerie est , où nous ne croisons  personne mis  part quelques singes écroulés sur des pierres envahies par la végétation ! Photo singes Cet immense structure bête de latérite est sans doute le mieux préservé d'Angkor.

Centre des 82 hectares de l’ensemble de la cité, sur une terrasse de près de 9 hectares, Angkor Wat peut aisément être élevé au rang de merveille du monde, il s’agit de l’expression même de l’ingéniosité jamais entreprise par l’homme. Au même titre que les civilisations égyptiennes, les khmers ne font rien au hasard ; chaque temple dont Angkor Vat est imprégné de symboles dans la base même de l’architecture. A l’instar de la cité d’Angkor Thom , Suryavarman II édifia un temple montagne , symbole mythique du mont Meru dans la mythologie hindoue, que l’on connait pour occuper « le centre du monde ». Les différentes tranchées concentriques  incarnent les chaînes de montagnes protégeant la montagne sacrée tandis que les douves aménagées sur le pourtour de l’incroyable complexe sont le symbole des océans mythiques. Angkor Wat signe avec toute sa splendeur, l’apogée même de la cité khmère. Son architecture semble parfaite et inégalée, linteaux et gravures s’entremêlent pour former un mélange harmonieux aux proportions équilibrées, le tout forme  un complexe grandiose. Nous avançons sur l’allé de la porte arrière afin de rejoindre l’intérieur du temple. Malheureusement notre défilé se fera sous un ciel ombragé annonciateur d’orages tandis que la température s’adosse d’une humidité pesante. Quelques marches atteignant une chaussé et quelques galeries traversées, nous arrivons dans le centre même du temple surmonté de ses cinq pyramides effilées. Les galeries ceinturant l’enceinte centrale sont entièrement sculptés de scènes de la vie quotidienne de roi ainsi que de nombreuses batailles écrasantes contre les Chams.

 

Les Bas-reliefs, des histoires passionnantes

 

Le jugement final de Yama

Nous faisons le tour des bas-reliefs en commençant par la galerie sud est qui retrace l’histoire du jugement final de Yama, le dieu souterrain, où les damnés subissent d'effroyables tortures. Cette galerie illustre « les punitions et les récompense distribuées dans les 32 enfers et les 37 paradis » comme nous le cite parfaitement notre vétéran de la guerre. Au niveau supérieur des personnages s’avancent vers Yama aux 18 bras, juge des morts assis sur son taureau et suivi de ses fidèles assistants. La scène qui se déroule près de Yama se divise en deux parties distinctes. La partie inférieure est gravée de démons envoyant les damnés aux enfers tandis que la partie de haut est occupée par les élus qui prospèrent dans la joie et l’abondance. Nous distinguons également quelques scènes issues de a légende du « Barattage de la mer de lait », lorsque les Devas , les dieux bienfaisant, extraient l’élixir d’immortalité de Kshirodadhî, la mer de lait.

Une très belle représentation d’un des avatârs de Vishnou orne également la galerie, il s’agit de Kûrma, la tortue symbolisant la sagesse qui joue un rôle important dans la légende ; lorsque Vishnou proposa d’ unir la puissance des Devas à celle des Asuras afin d’extraire le nectar d’immortalité de Kshirodadhî, la mer de lait ils durent, pour atteindre leur but, parsemer la mer d’herbes magiques, retourner le mont Mandara pour le poser sur la carapace de la tortue Kûrma, un avatar de Vishnou puis demander l’aide du roi des Naga de sorte à faire pivoter la montagne sur place.

 

Le début du jugement : les voies qui menent aux enfers ou au ciel

 

L'armée de Suryavarman II

La galerie ouest est constituée de plusieurs scènes de l’armée de Suryavarman II . Une étrange plaque écrite en sanskrit a permis aux chercheurs de déchiffrer les différents personnages et l’histoire entière revêtant les galeries du temple. Les siamois se distinguent des khmers par leurs coiffes et leurs cuirasses ornées de motifs « en fleur » nous fait remarquer notre guide tandis que les khmers sont pour la plupart torses nus. Nous admirons une représentation de Suryavarman II, chevauchant un éléphant. Arborant une riche couronne d’or, il est protégé par 15 parasols.  Le roi se dissimule sous les parasols pour se protéger des mercenaires ennemis, les siamois. Leurs rangées armées semblent plutôt chaotique et mal dirigée par un chef déchu de sa monture, lui donnant un air de soumis tandis que l’armée khmère avance invincible face aux ennemis qu’ils piétinent sans pitié. Les trous percés dans les murs attirent également notre attention. Il s’agit en fait de cachettes à trésor du roi Suryavarman II comme nous avons pu le voir au temple de Ta Prohm.

 
La bataille de Kurukshetra
 

Enfin, nous terminons notre tour des bas-reliefs par la galerie sud-ouest qui illustre la bataille de Kurukshetra. Celle-ci est tirée d’un récit épique hindou qui raconte l’affrontement féroce des peuples Pandava venus du sud face aux Kaurava venus du nord s’affronter dans une contrée situé au nord de l’Inde.  Les deux armées rivales s’affrontent dans une bataille acharnée avec à gauche le peuple des Kauravas et à droite celui des Pandavas. L’issu de la bataille fut bien funeste puisqu’au bout du 18jour aucu soldat n’y survécu, cela marque la fin du cycle du monde précédant le nôtre. Je passe quelques détails qui ne m’ont pas vraiment marqués en notant une intéressante représentation de Bîshma, chef des Kauravas, morts criblés de flèches et agonisant sur le sol à la fin du 10 e jour de combat. Plus bas dans les bas-reliefs, nous reconnaissons également une représentation du chef des Pandavas, Arjuna, tirant une flèche avec ses quatre bras qui l’identifient à Krishna.

Nous arrivons désormais au second niveau du temple central et traversons « le cloitre cruciforme » dont la caractéristique principale est l’agencement de quatre bassins en  pierre. Leur couleur rose et gré créent ce fantastique contraste flamboyât tantôt recouvert de lichen et de taches sombres. Aux abords du XIVe siècle le bouddhisme theravada  supplanta l’hindouisme ce qui entraina la modification architecturale du temple. Beaucoup de statues à l’effigie de bouddha furent ajoutées sur les linteaux ainsi que les colonnes ornant le temple tandis que l’endroit où nous nous arrivons juste après avoir franchi le « cloitre cruciforme » fut consacré entièrement philosophe. Cette salle qui servit d’endroit de pèlerinage aux moines bouddhistes fut ainsi renommée « salle aux mille bouddha ». Aujourd’hui il n’en reste qu’une brochette de cinq ou six mais j’imagine très bien la pièce d’antan flanquée de centaines de statues de gré e de latérite chacune unique en son genre.

Nous gravissons quelques marches, franchissons portes après portes tout en suivant notre guide qui semble connaitre l’endroit par cœur. Puis nous ralentissons la marche lorsque nous parvenons au centre même du temple. Autrefois orné d’une colossale sculpture de Vishnou, aujourd’hui celle-ci a disparue. Mais une chose curieuse qui semble premièrement insignifiante attire notre regard. Sur le sol une espèce de cercle irrégulier est tracé dans la pierre : après multiples interrogations nous donnons notre langue au chat et notre guide nous explique qu’il s’agit en réalité du « nombril du temple », autrement dit son centre sacré. Visiblement personne ne s’y attarde, sans doute trop occupé à admirer les cinq tours grandioses, mais nous, nous prenons plaisir à la folle idée que nous nous trouvons au centre du temple, lui-même au centre du sanctuaire, au centre de l’enceinte, qui se situe au centre de la gigantesque cité Angkor !

 

 

 

Une sortie sous la pluie

Avec la tête remplie de batailles , de soldats, de rois, d’enfer et de paradis, nous sommes un peu perdus et assez contents de pouvoir s’éclipser à l’air frais et admirer le temple non pas dans ses détails mais dans sa grandeur magistrale. Nous n’avons pas vraiment de chance puisque le soleil ne semble plu vouloir se montrer vaincu face aux nuages coriaces.

 

En sortant, nous découvrons un espace verdoyant scindé en deux en son centre par une grande voie de pierres menant jusqu’au centre d’Angkor Vat. Derrière une bibliothèque (en entrant depuis l’entrée officielle et pas par la porte arrière) se trouve un lac dont la surface miroitante est parsemée de nénuphars. Ce temple est vraiment grandiose mais nous croisons également à notre grand regret une foule de « moutons » qui grouillent et fourmillent dans l’ancienne capitale avec leur trépieds et appareils photos tandis que nous nous trouvons en basse saison et qu’il commence à pleuvoir ! Nous espérions qu’en saison des pluies, nous aurions la chance d’être seuls sur les sites mais nous nous étions peut être  légèrement trompés. Quoiqu’il en soi, nous n’imageons même pas  ce que ça doit être en saison sèche !

 La pluie nous accable inéluctablement et nous nous réfugions dans l’une des bibliothèques de l’aile nord du temple en attendant que l’orage se calme et sortons finalement au bout de quelques minutes sous une faible averse direction la sortie. Sur le pont principal, ça pousse, ça glisse et ça crie sans arrêts ! C’est vrai que vu depuis l’entrée le temple apparait encore plus majestueux mais nous sommes quand même heureux de quitter la foule que nous ne commençons à plus pouvoir supporter …

Commentaires (1)

Hélène
  • 1. Hélène | 27/07/2015
je cherchais -à la suite du documentaire "Ankgor redécouvert" du 25 juillet- une représentation d'un Yama sur son buffle !!
Merci donc, j'ai -enfin- trouvé...

Ajouter un commentaire

 
×